12.6 C
Compiègne
dimanche, 28 avril, 2024

Au revoir Colonel Curalluci de Peretti

Chers camarades, 

Nous avons le regret de vous faire part du décès, dans sa 100 ème année, du Colonel Curallucci de Peretti, membre de notre association. 

Ses obsèques auront lieu le mercredi 8 novembre prochain à 10h en l’église St Jacques de Compiègne.

Contrôleur général des armées 2s Philippe Nicolardot 
Président de l’Aorc. 

Eloge du Colonel Curallucci

Mon Colonel,

Il me revient de lire ces quelques mots au nom des sociétaires de la SMLH de l’Oise, et plus particulièrement du comité de l’arrondissement de Compiègne, auxquels j’associe mes camarades de l’AORC.

Soldat, témoin actif de 3 guerres qui ont chamboulé l’empire colonial français, vous êtes né à Poggiole de Figari le 4 janvier 1924 il y a presque 100 ans, dans cette belle région du sud de la Corse. Il n’y avait pas d’aéroport en ce temps-là, sinon les alliés l’auraient certainement utilisé. C’est plutôt le sous-marin Casabianca, qui fut un vecteur important pour aider la Résistance en Corse. 

Dès 1943, vous rejoignez la Résistance jusqu’à la libération de l’Ile. Au temps le plus fort de son occupation, elle comptait pratiquement 1 occupant pour 2 habitants. Cette période, décisive, reconnue par l’attribution de la croix du combattant volontaire 1939-1945, allait porter sur l’orientation de votre vie.

Engagé, vous rejoignez le CIT 18 à Marengo en Algérie en février 1944.  Vous êtes affecté au groupe d’instruction du train N°3. Brigadier-chef, bien noté, en février 1945 vous faites le peloton préparatoire à l’école interarmes. Vous rejoignez l’école interarmées de Coetquidan en juin 1945, vous êtes promu aspirant de réserve le 26 décembre 1945.

Soldat, vous embarquez une première fois pour le Tonkin en 1947. Ce sera votre première campagne en Indochine qui durera 3 ans, au cours desquels, jeune aspirant, vous vous faites remarquer par votre courage pour mener à bien des missions de transport et de ravitaillement au Cambodge, en zone de complète insécurité. Ceci vous a valu votre première citation et la médaille coloniale. Dans cette même campagne, sous-lieutenant, un autre fait met en exergue votre dynamisme et votre courage lorsque, chef de convoi entre Hanoï et Saïgon, vous tombez gravement malade et que vous refusez d’être évacué, tant que votre formation n’a pas traversé une zone d’insécurité. Une autre citation, accompagnée de l’attribution de la croix de guerre des TOE soulignera cette conduite exemplaire. Vous terminerez cette campagne en 1950 avec le grade de lieutenant.

Il s’ensuit un intermède métropolitain à la 2ème Compagnie Régionale du Train à Lille. Vous y rencontrez votre épouse et fondez une famille : 2 filles naîtront, l’une à Lille, l’autre à Compiègne où vous avez été détaché à partir de 1954.

Cette même année, 1954, vous êtes désigné pour les T E O ; vous arrivez à Hanoï et rejoignez le secteur des Sept Pagodes au Tonkin . C’est votre deuxième campagne en Indochine. Lieutenant, votre courage et votre sang froid sont remarqués quand, blessé par balle pendant une opération de ravitaillement du poste de Lac Son au nord Vietnam, vous avez continué à donner vos ordres, jusqu’à ce que la mission soit remplie, avant de vous faire évacuer. Cette action sera soulignée par l’attribution d’une nouvelle citation, au nom du corps d’armée.

Vous quittez Saïgon en fin d’année 1955, cette dernière campagne sonnant le glas de la présence française en Indochine.

Pas plus tôt rentré, après un court repos de fin de campagne, vous embarquez pour Port Saïd. C’est la campagne de Suez, en 1956. 

Une autre fille cette année-là agrandira la famille.

Vous obtenez une mutation à Vienne, ce deuxième intermède métropolitain vous verra élevé au grade de capitaine et la famille s’agrandira une fois encore, avec la venue de votre dernière fille en 1960.

Soldat toujours, vous rejoignez l’Algérie en 1960. Vous prenez le commandement de la CCS/514. Là encore votre courage et votre sang froid sont admirés. Capitaine, commandant de compagnie d’un groupe de transport opérationnel, vous participez à de nombreuses opérations, aux cours desquelles plusieurs éléments sont interceptés ; cette conduite brave, vous vaut une citation avec attribution de la croix de la Valeur Militaire.

Après l’Algérie, vous rentrez en métropole, et êtes dirigé vers Sissonne. Advient une période plus calme. Vous prenez le commandement de la 410ème CCT en 1962 puis le commandement du Train de la 8ème division. 

Vous serez promu, chef de bataillon en 1968, et vous ralliez l’état-major de la 54ème GST à Verdun, qui devient en 1970 le 84ème Régiment de Soutien basé à Montmédy.

Promu lieutenant-colonel en 1976, vous prenez le commandement du CMR5 de Lyon.

Vous serez placé en position de retraite en 1979, nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1980, promu colonel de réserve en 1984 et, nommé officier de la Légion d’honneur en 1999.

Mon Colonel, votre carrière témoigne des 3 guerres qui ont marqué la France :
La 2ème Guerre Mondiale, la guerre d’Indochine et la guerre d’Algérie. Vous avez porté l’honneur de la France, dans les rizières et les djebels. Au cours de votre longue vie, vous avez été la mémoire de cette période troublée. 
Terminons avec ces quelques lignes d’Elie Denoix de Saint Marc qui reflète si bien votre engagement :

 « la justification et la grandeur du soldat sont d’accepter de payer la guerre et une éventuelle victoire du prix fort »
Nous nous inclinons devant l’homme et le soldat.
Que le dernier train que vous avez pris vous conduise vers la paix et la sérénité                        

                               pace e serenità

Colonel Jean Louis MONTILLET
Président de la section de la SMLH de l’Oise