par Laurent Lagneau · 3 juin 2021
En mars, la Direction générale de l’armement [DGA] a indiqué avoir reçu le 18e avion de transport A400M « Atlas » [sur 50 commandés, ndlr], doté des dernières capacités tactiques validées, dont le largage de parachutistes en simultané par les deux portes latérales et le suivi de terrain à très basse altitude en mode automatique [LLF/Low Level Flight] dans des conditions de vol à vue [VFR – Visual Flight Rules]. Depuis, l’Escadron de transport 1/61 Touraine et l’équipe de marque Avions de transport tactique [EMATT] ont poursuivi la validation de ces capacités tactiques, comme encore en avril dernier, avec plusieurs approches sur la plage de Pembrey [Pays de Galles], selon des procédures dites « bump & go » [posé/redécollé], ce qui, selon l’armée de l’Air & de l’Espace [aAE], était une « première pour le posé sur terrain sommaire d’un A400M français sur ce type de surface » [photo ci-dessous]. Par ailleurs, à l’occasion de la livraison du 100e A400M [destiné à l’Ejército del Aire’], Airbus a fait le point sur le développement d’autres capacités tactiques attendues.
Ainsi, l’industriel a indiqué que des tests supplémentaires avaient été effectués par des équipages français et espagnols pour « étendre la capacité de largage aérien, y compris de plateformes multiples par extraction [23 tonnes] ». Et d’ajouter : « Un autre moyen de livrer du fret sur des pistes d’atterrissage austères sans équipement de manutention a également été certifié : charge militaire jusqu’à 19 t de palettes [en un seul passage] ou 25 t [en deux passages] sur pistes aménagées et non aménagées. » Ces progrès ont donc permis à l’armée de l’Air & de l’Espace de déclarer la « capacité tactique initiale de l’A400M Atlas », le 3 juin. « Troisième jalon capacitaire à être franchi, il formalise l’aptitude au déploiement de l’Atlas lors d’opérations de longues durées pour y effectuer des missions de liaisons intra-théâtre et d’aérolargage dans un environnement potentiellement contesté, avec tout l’écosystème associé », a-t-elle expliqué. En clair, l’aAE a validé la capacités de l’A400M à se poser sur n’importe quel type de terrain, ce qui fait que ses équipages sont désormais en mesure « d’acheminer sur des pistes en latérite de moins de 1 500 m de long, des véhicules de combat de plus de 24 tonnes, de jour comme de nuit, en utilisant des jumelles de vision nocturne si nécessaire. » Le largage par gravité a également été validé. Pour ce mode d’action « essentiel aux opérations », l’A400M peut larguer en une seule fois jusqu’à 25 tonnes de matériel… ce qui permet d’acheminer rapidement un « volume décuplé de moyens, en s’affranchissant des manœuvres au sol susceptibles d’exposer le personnel évoluant en environnement contesté. » Et cela d’autant plus que l’avion d’Airbus dispose d’un système d’autoprotection contre les menaces de type missiles guidés par infrarouge. Cette capacité tactique initiale constitue le dernier jalon avant que ne soit déclarée la « pleine capacité opérationnelle » de l’A400M au sein de l’armée de l’Air & de l’Espace. L’un des derniers point encore à valider concerne le ravitaillement en vol des hélicoptères, une capacité pour laquelle Airbus a eu quelques difficultés à mettre au point. Elle devrait finalement être certifiée d’ici la fin de cette année.
jeudi 3 juin 2021
La fin du Transall inquiète à Clermont-Ferrand
Depuis 50 ans, le Transall est un des poumons d’activité de l’atelier industriel de l’aéronautique (AIA) deClermont-Ferrand, et sa fin, qui pourrait finalement être plus rapide que prévue, inquiète. Le sens d’une mobilisation de certains salariés ce matin. La CGT locale, à l’origine de l’appel, estime les débrayeurs à 400. La chaîne d’entretien pourrait bien s’arrêter dès la fin de l’année, ne laissant plus que quelques semaines d’activité réelle. Soit deux ans avant le retrait de service prévu de l’appareil. Il faut rappeler qu’une partie du problème provient de ceux de l’A400M. A l’origine, le Transall devait quitter le service en 2018, mais a été prolongée à coup de visites (réalisées à l’AIA) pour durer jusqu’en 2023, face aux retards de développement de l’A400M. Moins d’une dizaine d’appareils restent en service au sein des escadrons 3/61 Poitou et 1/54 Dunkerque, ainsi qu’au GAM-56 Vaucluse. En contrepartie, l’activité Atlas (en service depuis 2013, avec 18 appareils) et Hercules n’a pas compensé le recul de la charge Transall, et ne devrait pas la compenser, dans les deux ans à venir, dans les plans actuels. Ce, alors que la disponibilité du Hercules est catastrophique, pour des raisons qui ne sont pas toutes à trouver à Clermont-Ferrand. Le risque sur l’emploi local, sans doute d’abord sur les sous-traitants, est donc bien réel.
03/06/2021 18:59 | Yannick Genty-Boudry
La France reste le troisième exportateur d’armements en 2020
Malgré la crise sanitaire, la France reste le 3ème exportateur d’armements dans le monde, avec pour principaux clients l’Arabie Saoudite (700Meur), les Etats-Unis (430Meur) et le Maroc (425Meur)
4,9 milliards d’euros
Remis au Parlement le 2 juin 2021, le rapport annuel sur les exportations de matériels militaires pour l’année 2020 démontre que la crise sanitaire a fortement impacté la BITD Hexagonale. En effet, avec 4,9 milliards de commandes passées, cela signe une baisse de 41% comparée à l’année 2019 qui avait cumulé 8,3 milliards d’euros. Pour autant, selon le ministère des Armées, cette année ne reflète pas une tendance de fond et les commandes devraient connaître un net rebond en 2021, en témoignent les commandes Grecques, Égyptiennes et Croates. Rappelons que l’industrie de défense représente plus de 200 000 emplois directs et indirects en France et qu’elle constitue un secteur de pointe dans les nouvelles technologies.
Un rapport détaillé
Face aux critiques de certains parlementaires sur le manque de transparence, le ministère des Armées a délivré un rapport de 130 pages extrêmement précis, avec la mise en avant des licences d’exportations qui n’ont pas été validées. L’Asie/Extrême-Orient et l’Asie du Sud-Est fournissent l’essentiel des refus avec 69 %. En effet, l’examen des commandes mobilise des compétences géopolitiques, industrielles, techniques et militaires pointues, misent en place par le ministère des Armées, le ministère des Affaires Etrangères ainsi que par le ministère de l’Économie. Un suivi coordonné par le Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale (SGDSN).
Diplomatie
Ce rapport a également rappelé le soutien de Paris dans la lutte contre le terrorisme, plus particulièrement en Afrique, où, en plus du Sahel, de nombreux partenariats ont été noués avec le Mozambique ou la RDC. Fait important, ce dossier a aussi mis en avant le traité d’Aix-la-Chapelle entre le France et l’Allemagne, signé en octobre 2019, qui permet désormais une prise de décision bilatérale afin d’éviter les blocages à l’exportation, jadis coûteux pour la crédibilité industrielle et politique française.