OPX Zone militaire par Laurent Lagneau · 9 mars 2021
Pour le moment, le Commandement de l’Espace [CdE], créé en 2019, n’a pas encore terminé sa montée en puissance, son futur centre opérationnel, qui doit regrouper, à Toulouse, le Centre militaire d’observation par satellites [CMOS] et le Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux [COSMOS] devant être inauguré d’ici 2025. Pour autant, cela ne l’empêche pas de mener son premier exercice, appelé ASTERX, en référence au premier satellite français à avoir été mis en orbite, en novembre 1965.
Mieux même : cet exercice militaire spatial est le premier du genre non seulement en France mais aussi en Europe. C’est en tout cas ce qu’a souligné le général Michel Friedling, le patron du CDE, lors d’une conférence téléphonique avec la presse.
Évidemment, même s’il peut s’appuyer sur des moyens uniques en Europe dans le domaine spatial, comme, par exemple, le système GRAVES [Grand Réseau Adapté à la VEille Spatiale], le CDE a des capacités insuffisantes au regard de l’évolution des pratiques en orbite, avec des actes « inamicaux » de plus en plus nombreux et la mise au point d’armes antisatellites.
Aussi, comme l’a expliqué le général Friedling, l’exercice ASTERX est avant tout un « stress test de nos systèmes » afin d’évaluer précisément les besoins capacitaires futurs et d’accompagner ainsi la montée en puissance du CDE. Son scénario est basé sur une crise entre un État doté de capacités spatiales et un autre qui a un accord d’assistance militaire avec la France, avec une « série d’événements venant créer des situations de crise ou de menaces contre nos moyens spatiaux. »
Ces « événements » sont par exemple la « rentrée à risque » dans l’atmosphère d’un objet spatial qu’il faudra suivre pour avertir les populations le cas échéant, ou « l’approche sur un de nos satellites stratégiques », a détaillé le général Friedling.
À noter que les forces américaines et allemandes participent à cet exercice, via l’US Space Command et le GSSAC [German space situational awareness center].
À l’avenir, les moyens du CDE seront considérablement renforcés, avec la mise en oeuvre du programme à effet majeur ARES [Action et Résilience Spatiale], censé couvrir l’ensemble des capacités de surveillance et d’action dans l’espace.
Un sucesseur du système GRAVES doit ainsi entrer en service en 2023 et il est prévu de rénover les radars de trajectographie SATAM. L’espace étant un milieu générateur d’une quantité très importante de données, pouvoir les collecter et les traiter suppose le recours à l’intelligence artificielle et au big data. Un premier contrat a d’ailleurs éjà été attribué à Safran Data Systems à cette fin. En outre, il s’agira d’équiper les satellites de moyens caméras de surveillance, voire de moyens d’autodéfennse.
Enfin, il est prévu, en 2023, de mettre sur orbite un démonstrateur d’action dans l’espace, appelé Yoda. Composé de deux nano-satellites de 10 à 20 kg, ce dernier permettra d’expérimenter les opérations en orbite géostationnaire, lesquelles se limiteront à la détection et à l’identification des menaces ainsi que, le cas échéant, à la protection. En fonction des résultats, un satellite patrouilleur nettement plus [un centaine de kg] sera ensuite être lancé à l’horizon 2030.