Si, bien entendu, ils n’ont jamais été absents du théâtre du monde, Thanatos et Polemos semblent pourtant faire un retour dans les préoccupations de nos contemporains : le virus, d’une part, puis l’Ukraine de l’autre sont venus nous rappeler des constantes de la vie et de l’histoire que les sociétés européennes occultent depuis longtemps comme pour les exorciser.
Sans préjuger des développements à venir du conflit en Ukraine, il est d’ores et déjà clair que la guerre entre Etats s’inscrit de nouveau dans notre horizon, géographique mais aussi mental.
Dans le même temps, quatre réalités majeures s’offrent à nos yeux : la fin d’un long cycle de domination du monde par l’Occident, l’affirmation de la puissance mondiale d’une Chine contestant l’imperium américain, le poids démographique de l’Afrique et, du moins en Europe, l’amorce délicate et incertaine de la « transition écologique » sur fond de digitalisation de la civilisation.
Dès lors, pour ceux qui ont le souci de la France, la question se pose de savoir comment va-t-elle survivre dans cet univers et quel message singulier va-t-elle porter. Dans tous les cas, nous ne pouvons plus élucider les questions vitales portant sur notre identité, notre cohésion sociale et notre puissance économique et militaire. Au fond, comment assurer à nos enfants et petits-enfants un avenir digne de ce nom dans un pays qui aurait oublié les principes essentiels sans le respect desquels toute politique est vaine ?
Philippe Nicolardot