Spectre de la guerre civile : et si le conflit israélo-palestinien s’invitait vraiment en France, saurions-nous y faire face sur le plan sécuritaire ?
Pour Bertrand Cavallier, le conflit s’est d’ores et déjà importé en France, aux conséquences possiblement graves.
Bertrand Cavallier est général de division (2S) de gendarmerie. Spécialiste du maintien de l’ordre et expert international en sécurité des Etats, il est notamment régulièrement engagé en Afrique. Le général Bertrand Cavallier est l’ancien commandant du Centre national d’entraînement des Forces de gendarmerie de Saint-Astier.
Atlantico : « Le risque, c’est que le conflit s’importe chez nous et qu’on se divise », a déclaré Emmanuel Macron jeudi au cours d’un échangeavec des Français. Vous partagez cet avis ?
Bertrand Cavallier : Le Président de la République a raison d’évoquer ce risque qui n’est plus hypothétique mais avéré. Ce conflit s’est eneffet déjà importé en France, sous l’effet de deux facteurs inter-agissants :
- d’une part, le positionnement idéologique très actif et très influent, notamment dans les sphères universitaires, de l’extrême gauche qui est, depuis des décennies, sur une ligne anti-israélienne, comportant objectivement chez certains membres des relents d’anti-sémitisme.
L’absence de réaction claire par rapport aux derniers évènements dramatiques survenus, soit les massacres de civils qui renvoient dans notre mémoire à celui d’Oradour-Sur-Glane, d’ailleurs peut-être en pire, est hautement révélatrice de cet ancrage très problématique. Il faut cependant noter que des personnalités éminentes de La France insoumise (LFI), puisqu’il s’agit en particulier de ce parti, ont pris leurs distances avec cette formation politique, tant ils considèrent que la partialité affichée, dont un soutien ouvert ou tacite au Hamas, formation terroriste qui a planifié et mis en oeuvre ces pogroms, est inacceptable. Je pense en particulier à Clémentine Autain ainsi qu’à François Ruffin qui, dans Le Monde, a exprimé « son soutien aux victimes et à la société israélienne » et déclaré au sujet du Hamas : « C’est une organisation fanatique, terroriste, qui a toujours été l’adversaire des progressistes au Proche-Orient, hostile à tout compromis de paix, qui veut la fin de l’Etat d’Israël ». Lui même, et on sait combien il est au contact de la réalité du terrain, fait état de ses craintes « de l’importation d’un conflit qui est « aussi une affaire intérieure, de paix civile“ » ;
- d’autre part, l’essor dans certaines banlieues mais désormais dans toute l’étendue de nos territoires, d’une population d’origine immigrée, objectivement de plus en plus imprégnée par l’idéologie dite de l’islam politique, lequel est consubstantiellement hostile à Israël et à l’aversion des juifs. Boualem Sansal nous le rappelle clairement : « Du Hamas à Arras, l’islam radical a déclenché une guerre sainte contre l’Occident ». Rappelons le constat glaçant formulé dans le récent rapport de la DGSI intitulé « Etat des lieux de la pénétration de l’islam fondamentaliste en France ». Citons-en des extraits essentiels formulés dans son introduction : « L’islam fondamentaliste atteint en France un seuil critique d’influence qui fait désormais peser un véritable danger sur la vie démocratique de la nation. Les réseaux islamistes ont investi un ensemble de champs et d’institutions leur permettant de fabriquer des individus dont la vision du monde est étrangère au lègue de l’héritage politico-culturel français…/…Le risque ultime que font peser les quatre mouvements islamistes les plus actifs – Frères Musulmans, salafistes, tabligh, turcs – est l’avènement d’une contre-société sur le territoire national .» De multiples autres documents, études, parfois plus anciens, mais occultés par déni et lâcheté des élites – pensons notamment au rapport de l’inspecteur général de l’éducation Jean-Pierre Obin -, font état de ce phénomène de division, de partition de plus en plus hostile, le terme « partition» ayant été utilisé par le Président François Hollande. Or cette mouvance, qui a sa propre logique idéologique centrée sur l’imposition d’un ordre social islamique, est soutenue par cette extrême-gauche qui considère par opportunisme ces populations immigrées musulmanes comme le nouveau prolétariat, celui d’origine européenne leur ayant politiquement et électoralement échappé. Par ailleurs, cette mouvance de population, en conflit ouvert avec les valeurs de la République, est ouvertement instrumentalisée par des pays tels que la Turquie, ou de façon encore plus directe et ostentatoire, par une Algérie très hostile à la France, et dont le pouvoir et la rue, conditionnée par le mythe racialisé d’une prétendue arabité, ont exprimé leur entier soutien au Hamas. Enfin, comment ne pas évoquer que ces populations travaillées par l’Islam radical, de par leur vitalité démographique, sont en train de devenir majoritaires dans des départements français, ou des capitales telles que Bruxelles. De surcroît, cette dynamique démographique est continuellement renforcée par des apports migratoires massifs issus notamment de l’Afrique subsaharienne, composés d’individus à majorité masculine, décalés d’un point de vue civilisationnel,
imprégnés des thèses « décolonialistes » fourbies dans les universités françaises, mais encore de plus en plus adeptes du nouvel islam dominant en Afrique, d’essence salafiste. Chez nombre de ces personnes, l’hostilité, voire la haine de la France, est structurelle et elle est démultipliée de par la perception d’une France, allié d’Israël, et défenseure des juifs.
En off, Emmanuel Macron redoute-même une guerre civile comme l’a expliqué Jordan Bardella il y a quelques jours. Le patron du Rassemblement national a fait cette déclaration la semaine dernière lorsque le Chef de l’Etat a réuni tous les chefs de partis. Lorsqu’on voit les images de la manifestation hier soir à République aux cris de Israël assassin et Allah Akbar, est-ce qu’il y a un risque de guerre civile en France ?
Le syndrome de guerre civile est avéré. Les pogroms du 7 octobre sont à la fois un révélateur et un accélérateur du conflit intérieur à la France, mais également aux autres pays d’Europe occidentale comportant de fortes composantes musulmanes adeptes de l’islam radical.
Les actes terroristes comme celui dont a été victime le professeur Dominique Bernard s’appuient sur un substrat idéologique. Ils doivent être également compris comme indissociable d’un terrorisme global qui inclut la discrimination, la provocation, l’agression, la menace du quotidien, souvent imbriquées aux fins d’intimider les populations, de gravement déstabiliser ou détruire les structures fondamentales politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales d’un pays :
- l’invective très violente étayée d’injures racistes, de stigmatisations sous couvert de la dénonciation de kouffars, de propos humiliants à caractère sexuel visant la parentèle féminine, à l’encontre de citoyens, de membres de forces de l’ordre mais aussi de personnels de santé…;
– - la contestation virulente de l’enseignement, notamment celui de l’histoire, du français, de la philosophie, de la science (théories de l’évolution) par un nombre croissant de lycéens, et la multiplication de menaces de professeurs par des parents d’élèves, le refus de participer à des activités physiques…n’oublions pas comme le rappelle Gilles Kepel au sujet de la menace terroriste islamiste que « l’école est la cible par excellence, elle est sur la ligne de front », ce qui est également le cas en Afrique, comme par exemple au Burkina Faso ;
- la généralisation, y compris notamment dans des petites villes de province du voile dont Sylviane Agacinski rappelle « qu’il doit être traité comme un signe politico-religieux », pour ne pas évoquer le port de l’abaya mais aussi du qamis pour les hommes. Rappelons ce que déclarait à ce sujet l’imam Chalghoumi sur Europe 1 : « Aller à l’école avec l’abaya ou le qamis est une provocation“ ;
- la multiplication d’actes antisémites…et n’oublions pas, l’exode à l’intérieur de notre propre territoire, ce qui s’appelle l’Alya intérieure etqui a commencé dans les années 2000, phénomène qui s’étend de plus en plus à d’autres catégories de citoyens fuyant des zonesconsidérées comme hostiles, où le fameux vivre ensemble n’est plus possible ;
- les agressions homophobes…
Bien évidement, les réseaux sociaux sont devenus un mode d’action majeur de conditionnement idéologique mais également de stigmatisation de « l’autre », le non musulman, ou du musulman considéré comme déviant.
Les slogans prononcés en plein Paris lors des manifestations dites pro-palestiniennes et qui ont viré au soutien explicite aux « combattants du Hamas », participent de ce climat très délétère de fracture profonde au sein de la société française. D’une part, ils confirment par ces accusations directes proférées contre le Président Macron, traité « d’assassin » cette haine profonde contre une France perçue comme pro-israélienne car ayant condamné l’action du Hamas et apporté à Israël son soutien « dans ses efforts pour se défendre et défendre sonpeuple contre ces atrocités ». Par ailleurs, la systématisation du « Allahu Akbar », dont il faut rappeler qu’il « signifie Allah est le plus grand » révèle bien le caractère islamiste de la manifestation organisée le 19 octobre 2023 place de la République, à Paris.
Rappelons s’agissant de la décence que cette manifestation interdite s’est déroulée le même jour que celui des funérailles du professeurDominique Bernard, et alors que le décompte de français assassinés en Israël ne cesse de croître.
Tous ces facteurs doivent être analysés sous une double lecture.
Premièrement, celui d’une exaspération croissante de la majorité de la population vivant en France qui ne supporte plus cette oppression dela part de cette minorité, devenant majoritaire dans certains territoires. De cette population qui pressent que la France est à la croisée des chemins, que l’avenir de ses enfants de vivre dans une France garante des droits fondamentaux de la personne humaine, de la liberté de conscience…, fidèle à ses traditions, est de plus en plus incertain. Patrick Sébastien était interviewé le 29 septembre 2023 dans le cadre de l’émission Punchline d’Europe 1. Celui qui sillonne la France depuis des années déclarait alors : « …Viens chez moi pour cohabiter mais pas pour conquérir…/… ce que je dis là, c’est ce que dit la majorité que je croise…/… il y a des gens qui s’arment… ». Depuis, il y a eu l’assassinat de Dominique Bernard, et cette déclaration de la soeur de Samuel Paty : « « Si la mort de mon frère avait servi, Dominique Bernard serait encore là ». Il y a une révolte profonde qui est en train de sourdre au sein de la population, de monter, faute d’une réponse politique à la hauteur de ce qui frappe le pays.
Les craintes exprimées par Patrick Sébastien rejoignent celles de nombreux acteurs de terrain de la sécurité intérieure. Le discours est de plus en plus libéré face à ce qui est considéré comme de l’oppression, une nouvelle domination. Il y a désormais le risque croissant d’un acte isolé ou d’un collectif qui pourrait déboucher sur des affrontements d’ampleur, un déchaînement de violence avec toutes les dérives que peut comporter un tel phénomène.
Le deuxième scénario également probable, sans évoquer la multiplication d’actes de violence isolés relevant du « djihadisme d’atmosphère
», est celui d’une mobilisation de masse dans les banlieues et quartiers dominés par l’islam politique, et qui aurait un effet d’entraînement au-delà de cette composante adepte de cet Islam. Les émeutes de juin et juillet dernier doivent être interprétées dans leur véritable nature.
Je rappelle que des attaques systématiques de commissariats et de casernes de gendarmerie ont été perpétrées, ce qui permet de douter de la pertinence du discours tenu, très aseptisé, sur les agissements de jeunes désoeuvrés, issus de familles mono-parentales. Les effets croisés d’une idéologie fondamentalement hostile, la haine ancrée de la France au sein d’une partie de cette jeunesse, l’opportunité saisie par une certaine extrême gauche de susciter le chaos, objectif conforme à sa doctrine, mais également certaines frustrations sociales, pourraient provoquer de nouvelles émeutes d’une toute autre ampleur et d’un tout autre impact. Nous devons prendre en effet, sur fond de durcissement constant d’une partie de cette jeunesse, dont nombre d’individus ont été fascinés par les agissements récents du Hamas, leur organisation, leurs modes d’action :
- la généralisation des armes de guerre favorisée par le trafic de drogue ;
- leur contrôle de vastes zones disposant de leur propre éco-système ;
- la maîtrise parfaite des réseaux sociaux ;
- la capacité démontrée à agir dans le centre des villes, à menacer des organes névralgiques…
Qui peut raisonnablement exclure cette hypothèse sachant qu’il faut toujours prendre en considération la plus défavorable.
Quelle réponse sécuritaire serions-nous en mesure d’apporter ?
Le préalable ne relève pas de la réponse sécuritaire proprement dite. N’oublions pas ce que déclarait Alexandre de Marenches dans le Secret des Princes : « Nous avons dangereusement négligé la guerre globale, celle qui, en plus de la guerre militaire, agresse les âmes, les coeurs,
les esprits, les cerveaux…/…Si nous négligeons cette forme d’agression qui est la plus dangereuse, nous serons vaincus…/…aujourd’hui on ne conquiert plus le terrain, on conquiert le psychisme… ».
Le préalable est d’accepter de mener le combat idéologique comme le rappelle Richard Malka, ce combat idéologique qui impose de ne plus faire aucune concession. Combat que semble avoir décidé de conduire avec détermination le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse Gabriel Attal dans son domaine d’action qui est essentiel. L’éducation est en effet la mère des batailles. Ses premières décisions etses propos sur la fin du pathologique « pas de vague », soit le Munich du quotidien, pourraient ainsi marquer un changement profond dansla sociologie politique des quarante dernières années, attendu par l’immense majorité des français.
Ce combat idéologique doit permettre notamment de gagner les coeurs et les âmes de nombreux jeunes de l’immigration, notamment les jeunes filles, en leur démontrant, ce qu’elles pressentent souvent, que ces valeurs de liberté et de tolérance qu’il faut défendre, qui ne sont pas négociables, sont la condition de leur véritable épanouissement. C’est le cri de révolte des femmes d’Iran, d’Afghanistan, d’Algérie… contre l’obscurantisme, contre l’oppression, qui doit nous rendre encore plus déterminés à relever ce défi. Et qui ne saurait souffrir d’aucune opposition ou inhibition, notamment au sein du corps professoral qui doit dans sa totalité être animé de l’esprit des hussards de laRépublique.
S’agissant du domaine sécuritaire proprement dit, je me suis déjà prononcé, en particulier dans ce média, à maintes reprises concernantdes mesures qu’il convient de prendre et que nous pouvons prendre, car nous avons les capacités d’agir, sous réserve de voir ce que l’on voit, pour répondre la célèbre citation de Péguy, et de le vouloir.
Je reviens sur plusieurs mesures fortes :
- tout d’abord, la reconstruction de notre dispositif sécuritaire dont la productivité, malgré les efforts considérables en termes de masse salariale et d’équipements, s’est continuellement dégradée depuis des années, comme l’a rappelé à plusieurs reprises la Cour des Comptes.
Objectivement, et cela n’enlève rien au courage de nombreux gendarmes et policiers, la disponibilité s’est réduite et l’esprit de discipline s’est fragilisé. Cette opération vérité sur la capacité actuelle des forces de sécurité intérieure devrait notamment être appréciée en termes de montée en puissance très rapide, pour faire face par exemple à une menace soudaine majeure touchant la capitale. Qui, aujourd’hui osera faire le vrai diagnostic ? Cette interrogation peut être transposée à d’autres territoires ; - partant d’une remise à plat du dispositif, imposant notamment de revoir les temps de travail fortement érodés par les régimes actuels de fonctionnement, réactiver la sécurité de proximité du quotidien qui constitue la fonction socle de la mission globale de sécurité ; c’est cette fonction, participant de la régulation du corps social, qui permet de renseigner au travers du renseignement humain, lequel est fondamental, de rassurer, de prévenir mais aussi de réprimer de façon ajustée. La gendarmerie vient de lancer en la matière un signal fort en recréant 200 brigades de gendarmerie, dont certes une partie mobiles. C’est là une opportunité de revoir le fonctionnement global de l’institution dans le sens du primat de la mission pour donner toute sa portée à cette décision majeure du politique qui impose de nouveaux efforts financiers à la nation ;
- mettant à profit la création de nouvelles unités de forces mobiles, permettre leur montée en puissance pour, s’agissant notamment de la gendarmerie mobile, intervenir sur l’ensemble du spectre opérationnel et donc dans les segments les plus dégradés. Leur dotation récente en véhicules blindés « Centaure » participe de cette indispensable évolution ;
- l’amélioration de l’interopérabilité entre les Forces de sécurité intérieure (FSI) et les armées, à l’exemple de ce que démontre notamment gendarmerie et armée de terre en Guyane ;
- en termes opérationnels, s’appuyant sur le quadrillage méthodique du terrain, et le déploiement permanent de réserves d’intervention,
la planification échelonnée de la reconquête effective des quartiers en sédition, avec la conduite d’opérations de forces, précédées d’un ciblage précis, et très judiciarisées…
Que faire en préventif ? Stopper les flux migratoires ou la réponse est plus complexe ?
C’est une question majeure. Il ne faut pas aggraver une situation qui est aujourd’hui devenue très problématique. Il est évident que ces flux migratoires massifs, objectivement en grande partie incontrôlés, sont devenus profondément déstabilisants pour notre pays comme pour de nombreux pays d’Europe occidentale. L’enseignante essayiste Fatiha Agag-Boudjahlat dans l’hebdomadaire Le Point de cette semaine nous alerte sur les conséquences liées à l’accueil en France de personnes « si différentes de nous en termes civilisationnels ». C’est une analyse frappée au coin du bon sens.
Posons donc bien le cadre de notre réflexion tel que nous le décrivions, Anne Mandeville et moi, dans un article co-écrit paru dans la revue inflexion, en 2006 : « L’environnement de l’Europe en pleine mutation. On peut identifier ici quatre données majeures et interactives. La première est la potentialisation de flux migratoires massifs vers l’Europe. Le phénomène n’est pas nouveau, mais sa dimension sur fond de déséquilibre démographique croissant est inédite, au regard, par exemple, de la spirale démographique de l’Afrique. La seconde, l’hyper-terrorisme est devenue structurelle. La troisième donnée est la déstabilisation ou la fragilisation de la périphérie immédiate du continent européen, c’est-à-dire au Moyen-Orient et au Maghreb, où l’échec du modèle laïque et progressiste débouche sur la référence confessionnelle comme facteur d’identité exclusif. La réintégration d’une lecture religieuse de l’histoire ouvre sur des affrontements internes à la communauté musulmane, mais aussi sur l’oppression des minorités, et enfin sur une contestation de l’Occident et de l’universalisme affiché de ses valeurs perçu comme un paravent à son néo-impérialisme. En d’autres termes, par la mobilisation des peuples, le religieux constitue de nouveau un facteur de puissance ou de conversion de puissance. Le quatrième facteur est celui de la tendance à un monde multipolaire.
Ainsi, la France et l’UE présentent des vulnérabilités critiques nouvelles, qui relèvent d’une imbrication entre menaces internes et externes
».
Face à cela, que devons-nous faire ? Allons-nous continuer de penser que la DGSI, et la DGSE, malgré leurs engagements très performants,
vont être capables de garantir notre protection en neutralisant les terroristes potentiels, sachant que cette efficacité ne peut être totale comme le démontre malheureusement les actes terroristes contre des enseignants, des policiers…que les effets de masse provoquent lasaturation des services, et que le phénomène profond qu’il faut redouter est une partition du pays marquée par des affrontements d’ampleur ?
Comme le rappelait dans Le Point l’ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel Jean-Eric Schoettl, et la membre honoraire de cettemême juridiction, Noëlle Lenoir, « la première mission d’un Etat démocratique consiste à protéger sa population ». C’est là en effet la raison d’être du politique.
Partant de ce postulat, et selon une démarche sans laquelle l’élan salutaire d’un Gabriel Attal serait vain, sans être exhaustif, des mesures majeures doivent être prises rapidement.
Dans le domaine juridique ou en découlant :
- la remise à plat complète de la législation concernant le traitement de l’immigration, en partant des règles supra-nationales dont les effets incapacitants sur l’action attendue des gouvernements tourne à l’absurde. En témoigne notamment le dernier arrêt rendu par la Cour de justice de l’Union européenne selon lequel, en substance, la France ne peut pas procéder au refoulement vers un pays voisin d’un ressortissant étranger entré irrégulièrement sur son territoire ;
- la révision des aides financières et sociales au profit de ressortissants étrangers en les alignant, a minima, sur les standards européens ;
- la systématisation de l’interdiction du territoire français aux étrangers auteurs de crimes ou multi-récidivistes, les infractions retenues incluant évidemment celles relevant du racisme et de l’antisémitisme, de l’apologie du terrorisme…et bien sûr leur expulsion et à défaut leur relégation ;
- l’expulsion systématique d’individus étrangers, ou groupes d’individus, identifiés comme prosélytes de l’islam fondamentaliste, soit d’une idéologie totalitaire ;
- le contrôle effectif des flux internes et externes, le contrôle de ces derniers à reconsidérer dans le cadre d’une Europe centrée sur la protection des ses citoyens, c’est à dire notamment en substituant à la notion d’espace, celle de territoire.
Sur un plan diplomatique :
- le rééquilibrage des relations diplomatiques, qui procède trop aujourd’hui, de par nos inhibitions, d’un rapport du faible au fort, avec des pays tels que l’Algérie, mais également le Maroc (Pays qui devrait d’ailleurs être privilégié sur le plan géopolitique) pour qu’ils acceptent de reprendre leurs ressortissants entrés de façon irrégulière sur notre territoire. En d’autres termes, le respect de leur souveraineté doit s’inscrire dans une stricte réciprocité. Nous disposons de leviers pour cela. Ce rééquilibrage vaut évidemment avec les pays d’Afrique noire.
Comment ne pouvions-nous pas expulser des maliens, irréguliers, voire auteurs de crimes ou délits, alors que les soldats français mourraient pour ce pays ? ; - l’instauration de partenariats avec des pays qui seraient ouverts à cette coopération pour fixer dans la profondeur les flux migratoires,
démarche dont il est souhaitable qu’elle soit conduite dans le cadre de l’UE ; - le recentrage de l’aide apportée par l’Union européenne aux pays africains sur des projets concrets, opérationnels, portant prioritairement sur l’éducation, corrélativement sur l’émancipation des femmes, et sur la sécurité globale des populations, condition première au développement.
Dans le volet opérationnel :
- la capacité de déployer un dispositif d’interception des flux en Méditerranée et sur les frontières extérieures terrestres de l’UE, sous commandement militaire ;
- la neutralisation, avec les moyens nécessaires (lesquels sont disponibles), dans la profondeur, des organisations criminelles spécialisées dans le trafic d’êtres humains, mais également de celles oeuvrant dans les autres domaines de la criminalité organisée (trafic de produits stupéfiants, d’armes…) ;
- le recours à l’ensemble des technologies de reconnaissance physique ou biologique des individus (empreintes digitales et génétiques,
reconnaissance faciale, examen de l’iris…) pour neutraliser le recours croissant à des multiples identités…; - la mise en place des dispositifs d’accueil pour les demandeurs d’asile à l’extérieur de l’espace de l’UE ;
- etc…
N’oublions pas ce que disait Raymond Aron, alors que nous commémorons le quarantième anniversaire de sa mort. « Les européens voudraient sortir de l’histoire, de la grande histoire, celle qui s’écrit en lettres de sang. D’autres par centaines de millions y entrent ».
Il rappelait que l’histoire est tragique. L’insoutenable légèreté des politiques depuis quarante ans doit cesser. Nous ne pouvons nous risquer à une nouvelle « Etrange défaite » qui marquerait la fin de notre civilisation, celle d’une certaine idée de l’homme et de la société nourrie par l’hellénisme, la judéo-chrétienté, et les Lumières, une idée qui éclaire une grande partie de l’humanité.
Nous sommes à la croisée des chemins. Et ce sont principalement des intellectuels, étrangers mais si proches, qui, depuis des années, nous le rappellent.